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L'histoire de la marionnette rebelle

 

 

À la fin des histoires, nous restions silencieux, là, dans la salle, sans oser parler. Un agréable gris recouvrait les murs de la salle jusqu’au plafond où se profilaient les poutres de bois rouge. Les meubles étaient tout aussi rouges et frais, raffinés, simples, leurs contours nets, ainsi faits que nous imaginions qu’un peu plus d’ombre pourrait les détruire. Mais les nuages noirs de la pluie surgissaient, son obscurité entrait par les vitres des fenêtres, les meubles conservaient leur fragilité assurée.
Ce silence à la fin des histoires, quand le dernier mot s’était déjà perdu, était comme un isolement par l’eau. Une distance infinie nous séparait les uns des autres et nous gardions les yeux rivés au sol. Si maintenant vous enlevez les autres avec délicatesse et me laissez là seul, quelle bizarre tranquillité, quelle particulière inquiétude s’installent, quand aucune histoire n’a été contée, quand je reste là tout seul ? Il me faudra alors imaginer une histoire terrible, contée en des temps immémoriaux, avant même la création du monde. Le silence épouvantable qui l’entoure est celui de ma solitude, quand je reste seul dans ma maison obscure.

Là, dans la salle, se trouvait un meuble long et noir que nous appelions la Bibliothèque. Les grands livres verts se serraient les uns contre les autres dans la vitrine, et derrière eux s’en accumulaient d’autres à l’infini dans la profondeur, tant et si bien que naissait la peur de s’en faire une idée, et d’ignorer s’il est possible de se perdre dans la ville d’Asunción du Paraguay, gravure noire au cœur de l’Encyclopédie. Là, non loin du meuble, je m’installais dans cette solitude, dans ce silence impénétrable, pendant que la pluie tombait autour de la maison.

 

 

Traduction d'un extrait de Dans les obscures mains de l'oubli d'Eliseo Diego, paru pour la première fois à la Havane aux éditions Clavileno.

 

 

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